E comme Erreurs.
Les erreurs sont dénigrées dans notre société. Dès notre plus jeune âge il faut éviter d'en faire sous peine d'être dévalorisé. Puis nous développons une manière d'apprendre en évitant de faire des erreurs. Jusqu'aux études de médecine où l'erreur peut être fatale et entrainer des procédures judiciaires. Le médecin a donc de grandes difficultés à admettre et à travailler sur ses erreurs.
Cependant la société commence seulement à percevoir tout le côté néfaste et contre-productif d'enfouir l'erreur et de ne pas en parler.
Pour le clown l'erreur fait partie de l'apprentissage. Si nous ne tentons pas nous n'éprouverons pas.
Une réflexion d'un participant débriefing de Septembre 2009 : « Les émotions c'est compliqué. Mais ce n'est pas parce que c'est compliqué qu'il ne faut pas en vivre. Le conflit c'est compliqué, mais ce n'est pas parce que c'est compliqué qu'il ne faut pas y aller. Il faut faire attention à la formulation, mais il faut prévenir ceux qui vont venir que c'est remuant. »
Dans le clown, l'erreur discutée en groupe avec le comédien est toujours fructueuse. D'abord elle permet au groupe de repérer les pièges par essai/erreur, ensuite d'aller jusqu'au bout de l'erreur pour transformer l'échec en faux pas. Car l'essentiel n'est pas de réussir mais d'éprouver. Le clown nous apprend en cela l'humilité. L'acceptation de nous montrer tel que nous sommes devant nos pairs et faire tomber le maximum de défense.
Cela requiert de la bienveillance et l'obligation du non jugement de la part du groupe.
Le comédien s'évertue au fil des exercices à mettre des « coussins » partout autour des participants afin qu'ils ne se blessent pas émotionnellement.
Les deux organisateurs, de par leur expérience de la dynamique des groupes et de la psychologie, permettent de maintenir un groupe bienveillant et étayant pour chaque participant.
Le clown nécessite donc un « lâcher prise » et une acceptation de tenter et d'aller jusqu'au bout d'une situation proposée.
Ce premier domaine requiert de nombreuses séances d'échauffement collectif afin demettre le groupe dans un état de réceptivité et de non jugement pour la suite de la journée.
Exemple n°1 : Exercice des zip et des zap. Compte rendu de l'expérimentation réalisée en Mars 2011 Eurre (Drôme).
L'exercice consiste à éprouver les difficultés de l'émission et la réception de plusieurs messages, corporels, visuels et auditifs au sein d'un groupe tout en gardant le rythme.
Il demande aussi à être attentif aux messages essentiels (auditifs) et à accepter les erreurs des autres pour la bonne marche des informations du groupe.
Ce jeu très ludique demande une charge attentionnelle maximale et en contre partie déclenche de nombreuses décharges émotionnelles (rires).
Principes : les participants sont debout en cercle. Le comédien en animation et en explication tourne autour du groupe. Un claquement de mains vers la droite part d'un participant et doit être reproduit de proche en proche en disant Zap. La même chose à un autre instant de l'autre côté Zip (à gauche).
Le groupe doit déjà apprivoiser la technique et accepter que certains se trompent et poursuivre sans marquer l'erreur. A ce stade une tendance des participants a été de se surveiller et de faire des remarques lorsqu'un zip ou un zap est mal fait ou perdu. Cela fait sortir les participants de l'attention aux messages et bloque le jeu.
Ce jeu fait travailler de nombreux autres domaines que nous n'expliciterons pas ici. Par contre il nous a renvoyé à nos fonctionnements face à l'erreur.
Il a aidé le groupe à prendre conscience de l'inefficacité de pointer les erreurs des autres ou de s'arrêter dès que l'un d'entre eux à fait une erreur.
Et de ré-impulser sans cesse le rythme de base du groupe, par un des membres du groupe.